FIFI LES BONS TUYAUX

FIFI LES BONS TUYAUX
FIFI LES BONS TUYAUX : Mon p'ti prono du jeudi 14 novembre à Fontainebleau (12-13-9-5-6-4-7-16)

"LCI" LA CHAÎNE DU GRAND GUIGNOL...

 Une monstruosité médiatique : 

LCI

Dans la propagande occidentale sur la guerre en Ukraine, les médias lourds français, officiels et officieux, à part quelques exceptions, se font particulièrement remarquer dans un soutien sans nuance au pouvoir ukrainien. En France la palme revient incontestablement à la chaine d'information continue LCI.

Par le Pr Djamel Labidi : Les propos tenus dans cet article, n'engagent que son seul auteur.

Pour qui veut connaitre ce monde fou où nous vivons, dans cette hantise  d'une probable 3eme guerre mondiale, je recommande de suivre cette chaine d'information. Chez eux aucune trace de cette hantise. Pour eux c'est de la propagande, du  "bluff russe". Ils se réjouissent de chaque escalade dans les armements, de chaque pas en avant vers le gouffre. Ils en rient même souvent,  tranquillement installés sur les plateaux, visionnant  parfois une vidéo dont on a expurgé pour les téléspectateurs les scènes trop sanglantes.


 Le grand Guignol :                                                        


Du matin au soir, c'est sur LCI  le grand guignol, l'auberge espagnole. Il y a de tout, des généraux en retraite, des analystes politiques, des spécialistes du monde slave, de la Russie et du monde soviétique qu'ils confondent allègrement, des transfuges russes , des espions, des anciens espions , des nouveaux, des gens des services secrets, des qui-viennent-d'arriver . Il y a même d'anciens ambassadeurs français en Russie qui viennent se joindre au concert des récits d' horreurs sur la Russie, ce qui est ,convenons-en , bien inélégant pour des personnes qui ont été accréditées dans ce pays. Mais les temps sont durs, et les retraites apparemment insuffisantes.


Tous, sur le plateau, sont déclarés "spécialistes", et quand ils ne le sont pas ils sont dits  "éditorialistes". Ils sont tous compétents et leur compétence est d'ailleurs interchangeable: l'ambassadeur parle art militaire, le militaire parle diplomatie, politique et même économie, l'éditorialiste politique de stratégie militaire et de qualité de l'armement.


Dans les séquences particulièrement savoureuses, il y a le classique du transfuge fraichement arrivé de Russie. C'est étonnant comment ils ont appris vite le français, comme cette présentatrice de la Télé d'État russe qui, un jour, on s'en souvient,  en plein journal télévisé russe, a brandi  un carton antiguerre pour réapparaitre étrangement, soudain, quelques semaines plus tard,  sur les plateaux de LCI. Peu bavarde, elle en disparaitra aussi soudainement.


On presse les transfuges de questions. On  veut les voir confirmer certains  thèmes de la propagande occidentale, par exemple que l'opinion russe est contre la guerre, mais qu'elle ne peut s'exprimer, qu'il y a des failles, des fissures qui apparaissent dans le régime de Poutine, qu'il est en fin de course, On sent néanmoins chez certains de ces dissidents parfois quelques réticences à aller dans la direction  demandée . Ceux-là ne seront plus invités.


Ces vieilles dames qui donnent le frisson :                                   


Autre séquence savoureuse, et régulièrement programmée, c'est celle de ces dames d'un certain âge, dites spécialistes de la Russie pour y avoir vécu, comme cette madame Galia Ackermann, arrivée depuis longtemps en France,  en 1984 après un détour par Israël de 1973 à 1984. Elle alterne sur le plateau de LCI avec une autre vieille dame, Helene Blanc, présentée comme politologue spécialiste de la Russie et de l'URSS. Ces deux dames semblent tout droit sorties d'un roman d'Agatha Christie. Elles débitent d'un ton monocorde des horreurs sur les russes et la Russie, à vous glacer le sang... Un flot intarissable. "Assassinats, mafia, empoisonnements". Leur haine de  la Russie est fascinante. 


L'autre dame, Gallia Ackerman n'est  pas en reste: elle  est coauteure, elle, d'un livre, aussi charmant, intitulé," le livre noir de Vladimir Poutine".


Les généraux de plateau :  


                                           

Mais le clou du spectacle, c'est indéniablement les militaires, les généraux en retraite qui sont apparus cette année sur les plateaux, On les appelle d'ailleurs "les généraux de plateau"


Ils y sont si souvent et si longtemps, à toute heure,  qu'on se demande s'ils n'y campent pas. 


Il parait qu'ils sont payés aux jetons de présence et à la durée, et qu'on se bouscule au portillon. De fait, ils sont de plus en plus nombreux. Ils interviennent même de chez eux par Skype. Leur expérience militaire est celle d'interventions  "pour la liberté et la démocratie" et "la libération des peuples d'affreux dictateurs" : Bosnie, Kosovo, Irak, Afghanistan, Lybie, Syrie, Mali. Pour presque toutes, des interventions de  l'OTAN, et on dira après que l'OTAN est une organisation défensive. 



Parfois emportés par la nostalgie du "bon vieux temps",  ils  avouent leurs faits d'armes. En fait, toute leur expérience militaire du combat, se réduit à celles-là,  celles d' interventions  peu risquées. Rien à voir avec une guerre de haute intensité comme la guerre en Ukraine, et un adversaire comme la Russie. C'est dire la limite de leur expertise militaire. 



Ils se trompent à peu près régulièrement. Ils ont glissé peu à peu, à part quelques rares exceptions louables,  dans un rôle de purs propagandistes qui portent certainement tort à l'image de l'armée française : 



l'armée ukrainienne est parée de toutes les qualités, "respect du soldat, souci des pertes humaines , esprit patriotique,  courage, créativité," "acquisition des normes de l'OTAN", "assimilation de la rationalité occidentale, modernité" etc. 


L'armée russe, elle,  est le contre-exemple absolu: "officiers incompétents, désorganisation, mépris de la vie du soldat considéré comme de la chair à canon,, lourdeur "soviétique", corruption généralisée, pertes énormes d'hommes et de matériel, soldats alcooliques, déserteurs, on leur tire dans le dos quand ils reculent au combat etc..".


Les généraux font la guerre… de l'information :                     

Sur le plateau, ces généraux finissent peut être  par croire qu'ils font la guerre, qu'ils ont repris du service puisque c'est, comme ils le répètent d'ailleurs, éblouis par leur nouvelle visibilité, avant tout une guerre de l'information. Oui, mais il reste le critère incontournable: le résultat sur le terrain, et là souvent ça patauge et  les explications cafouillent.


L'appétit venant en mangeant, nos généraux de plateau ont glissé peu à peu de la propagande  à la politique, et même à la géopolitique, donnant leur avis sur tout: sur "les luttes de pouvoir en Russie", sur l'économie russe, sur les BRICS, la Chine, l'Inde, le G20, le G7  les bouleversements internationaux en cours, l'Union européenne...


Ils y prennent goût comme s'ils avaient toujours rêvé à cette synthèse du militaire et du politique. Ces généraux retraités, qui occupaient souvent des postes  élevés, gardent d'évidence de solides liens avec leurs collègues, et cette guerre en Ukraine pourrait avoir des conséquences inattendues sur la politisation des armées occidentales. On peut noter, en même temps, à travers leur interventions, et au grand jour désormais, à quel point l'armée américaine a pénétré  les armées occidentales. De temps en temps, cependant,  perce chez certains des accents nationalistes gaullistes, mais ceux-là sont rares sur les plateaux et préfèrent d'évidence ne pas exposer leur image.


Dans tout cela, chose extraordinaire, on ne parle presque pas de l'Ukraine. On ne parle que de la Russie, et  même que de Poutine, dont on épie chaque fait et geste.  La chaine a un correspondant permanent à Moscou mais pas à Kiev.


S'intéresse-t-on au fond  à l'Ukraine dans cette guerre ? Pourtant on aurait bien aimé savoir ce qu'est la vie quotidienne en Ukraine, la vie économique, sociale, culturelle, le niveau de vie, le taux de chômage, avoir un aperçu des débats à l'Assemblée nationale ukrainienne, des partis; le taux de change de la monnaie ukrainienne, On n'a jamais des images de la télé ukrainienne mais on en a de la télé russe. Ne parlons même pas des pertes ukrainiennes sur lesquelles le silence est absolu, ce qui indique bien qu'il y a là un grave problème.


La Méduse :                                                         


L'apogée de cette journée sur LCI, c'est l'émission de fin de soirée: " Éric Brunet et compagnie". Alors là, c'est le délire. L'animateur vit continuellement dans un monde anachronique, virtuel, quelque part  entre l'URSS et la Russie et il y entraine toute sa joyeuse équipe de plateau pour qui cette guerre est une source continuelle de plaisanteries plus loufoques les unes que les autres. 


On fait des déclarations politiques  tonitruantes et emphatiques où on dit "qu'il aurait fallu un procès de Nuremberg pour les crimes soviétiques, ce qui aurait évité la situation actuelle". Une transfuge russe , qui a fait son coming out occidental, il y a déjà quelques années, arbore sur le plateau une chevelure en désordre, hirsute dans le genre de la mythique  Méduse, l''une des Gorgones . Son ressentiment pour sa patrie a quelque chose de captivant  par sa violence retenue et froide. Elle s'astreint chaque jour à donner sur le plateau le plus d'informations ou plus exactement  de renseignements, précis sur son pays, sur le pouvoir en Russie, sur son fonctionnement, etc.. Elle alterne ses renseignements avec des citations de Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, comme pour dire qu'elle est restée fidèle à ses racines et apaiser ainsi son âme apparemment tourmentée.



Ça dérape souvent sur le plateau  comme cette franco ukrainienne, Alla Poedie, en France depuis 30 ans, dés  l'indépendance de l'Ukraine, qui se vante d'avoir travaillé avec Gorbatchev, mais qui n'a pas hésité à dire, un jour sur le plateau de LCI,  que  "les russes étaient des rats et des cafards qu'il fallait écraser" sans que personne ne réagisse. 


Elle admoneste d'ailleurs souvent sur le plateau ceux qui lui paraissent un peu trop timides, un peu trop nuancés dans leurs jugements sur cette guerre. "Êtes-vous avec Poutine ou avec nous ?", sans que personne n'ose s'insurger, tout juste un faible "vous m'avez mal compris".


Elle va jusqu'à traiter les français de "lâches" . Corriger certains intervenants, c'est ce que font d'ailleurs aussi les franco-ukrainiennes réparties en réseau sur d'autres plateaux, chacune relayant les informations en provenance des services ukrainiens, ce qu'elles ne  cachent même pas. 


L'animateur, lui, Éric Brunet  a traité le soir du 14 juillet de "députaillons"  les députés français qui ont exprimé des réserves sur la fourniture par la France de missiles de longue portée, sans qu'il y ait au moins un débat à l'Assemblée nationale.. On ne peut même pas imaginer ici  que quelqu'un puisse émettre  un avis diffèrent, même nuancé, sur la Russie. On est bien devant un système d'information totalitaire. Mais une telle dictature ne peut que se payer tôt ou tard par une perte du sens du  réel.


La bacchanale de la fin :                                                   


La journée d'information sur LCI se termine régulièrement dans une sorte de bacchanale médiatique. C'est la plupart du temps un concours de quolibets, d'insultes , de moqueries, de plaisanteries douteuses sur Poutine qui donnent lieu à de gros rires, des remarques désobligeantes sur tout, sa démarche, son sourire, ses bains de foule qu'on déclare de suite arrangés, ses sosies (à l'époque de la reconnaissance faciale ?), ses maladies chroniques mortelles, ses crimes passés et à venir, on le traite de "petit malfrat de Saint Petersbourg", de lâche terrorisé par la maladie, de "parrain à la tête d'un État mafieux" etc. 


Dans quel autre pays a-t-on vu un chef d'État traité par une chaine de télévision quasi officielle de la sorte ? Et il s'agit du chef d'un État historique millénaire, de l'État le plus vaste du monde. Le faire, c'est renoncer à tout projet de dialogue de paix. C'est insensé..


Le système médiatique français actuel a fini par enfanter une monstruosité médiatique telle que LCI.  Il faut en effet noter  que LCI est le seul média télévisé occidental  à être consacré exclusivement à la guerre en Ukraine.


Il y a quelque chose de terriblement  malsain dans tout cela. Depuis le début du conflit en Ukraine c'est en fait le même récit, les mêmes thèmes répétés cent fois : l'agression russe, les crimes de guerre russes, les mensonges russes, les russes qui se tirent une balle dans le pied en détruisant leur propre gazoduc, en sabotant le barrage de  Kakhovka, qui leur fournit l'eau en  Crimée, en se bombardant eux-mêmes sur la centrale de Zaporijia, en organisant pour des raisons sombres des attentats contre des intellectuels russes  pourtant nationalistes, la barbarie russe, une armée en débandade .  Et pourtant cette armée russe a renforcé, jusqu'à présent,  ses positions.


De ces récits récurrents, servis en boucle, 24h sur 24,  il reste à la longue une impression de lassitude, d'écœurement, de tristesse infinie. On se demande si les relais de cette propagande sur les plateaux pourront ainsi conserver longtemps leur santé mentale.


L'existence d'un débat, le respect des normes de l'information est indispensable à la qualité de l'information. LCI et d'autres medias occidentaux, vivent une contradiction éditorialiste intenable. Ils proclament qu'ils ne sont pas en guerre contre la Russie et pourtant ils doivent mener contre elle une féroce guerre de l'information, une guerre sans aucune règle, sans aucune déontologie professionnelle. 


Par contre, sur la guerre en Ukraine, la situation du monde non occidental est bien différente, plus équilibrée. Il n'est concerné  en aucun cas dans cette implication, militaire et économique, de l'Occident dans le conflit en Ukraine... Sur ce conflit, la qualité, l'objectivité de son information  s'en ressentent et c'est l'information non occidentale  qui désormais donne l'exemple à l'Occident en matière de déontologie de l'information.


Trop de propagande tue la propagande :                                     


Le monde occidental a perdu finalement la guerre de l'information. Trop de propagande tue la propagande. Le reste du monde   est devenu totalement rébarbatif à l'information occidentale. Il  en est arrivé à la rejeter globalement et en détail. Tout ce qui vient en la matière de l'Occident  lui parait suspect. Le système médiatique occidental en est réduit ainsi à tenter de garder une influence sur l'opinion occidentale mais  même là la partie semble commencer à être perdue si l'on considère ce qui se passe sur le système médiatique alternatif.


Un changement gigantesque s'est opéré depuis quelques années,  et singulièrement depuis le conflit en Ukraine ou alors s'est révélé à l' occasion de ce conflit : il y a à peine quelques années, les paradigmes dominants étaient encore occidentaux. 


Ce sont ceux qui avaient dominés l'interventionnisme occidental de l'Irak à la Lybie : guerre contre le terrorisme, exportation de la démocratie occidentale, luttes contre l'islamisme, dangers de l'émigration etc.. 


Aujourd'hui, ce temps si proche semble désormais étrangement loin. L'Occident, et ses défenseurs les plus réalistes essaie de reprendre la main en reconnaissant, encore faiblement mais reconnaissent tout de même,  ses torts passés, sa politique de deux poids deux mesures, ses crimes contre l'humanité de ces dernières décennies et de proche en proche finalement, tous ceux commis depuis les siècles, durant son hégémonie écrasante sur le monde . Il en découle un autre rapport de force au détriment de l'Occident en matière d'information comme dans d'autres domaines. 


En fait tout se tient, il s'agit d'une perte de crédibilité globale. La prétention universaliste occidentaliste a fait long feu.  Dans toutes les instances internationales , théoriquement à vocation globale, la dictature occidentale a fait craquer le vernis universaliste. 


Citons les en vrac : la Cour pénale internationale, les instances olympiques, le système financier international, le FMI et la Banque mondiale, le prix Nobel de la paix etc.. toutes désormais en déficit de crédibilité.


Ce sont les États-Unis et l'Occident qui ont frayé eux-mêmes, ironie de l'Histoire,  la voie à la nécessité d'un monde multipolaire et pluraliste.


Source : https://blogs.mediapart.fr/pr-djamel-labidi/blog/280723/une-monstruosite-mediatique-lci


Guerre en Ukraine, ils en rigolent tous les soirs chez Brunet et Cie...Y 'A BON BUSINESS !

AFRIQUE FRANCOPHONE : POURQUOI CE REJET ?

 Le rejet de la France en Afrique francophone sanctionne 12 ans de trahisons

Rien ne survient par hasard en politique. Les Français ne comprennent pas pourquoi les Africains francophones les rejettent soudainement. Ils se consolent en accusant la Russie de sombres machinations. En réalité, ils récoltent uniquement les fruits de ce qu’ils ont semé depuis 12 ans. Cela n’a rien à voir avec ce que furent le colonialisme et la Françafrique. C’est exclusivement la conséquence de la mise à disposition de l’armée française à la stratégie états-unienne.

Face à la vague de changements de régimes en Afrique francophone, les médias français sont stupéfaits. Ils ne parviennent pas à expliquer le rejet de la France.

Les anciennes rengaines sur l’exploitation coloniale ne sont pas convaincantes. Par exemple, on note que Paris exploite l’uranium du Niger, non pas au prix du marché, mais à un autre ridiculement bas. Cependant, les putschistes n’ont jamais évoqué cet argument. Ils parlent de tout à fait autre chose. Les accusations de manipulation russe ne sont pas plus crédibles. D’abord parce que la Russie ne semble pas se tenir derrière les putschistes du Mali, de la Guinée, du Burkina-Faso, du Niger ou du Gabon, mais surtout parce que le mal est de loin antérieur à leur arrivée. La Russie n’est arrivée en Afrique qu’après sa victoire en Syrie, en 2016, alors que le problème date au moins de 2010, si ce n’est de 2001.

Comme toujours, ce qui rend la situation illisible, c’est d’oublier ses origines.

À partir des attentats du 11 septembre 2001, les États-unis ont assigné un rôle en Afrique à son vassal, la France. Il s’agissait d’y maintenir l’ordre ancien en attendant que l’AfriCom s’y installe et que le Pentagone puisse étendre au continent noir la destruction des institutions politiques à laquelle il procédait déjà dans le « Moyen-Orient élargi » [1]. Progressivement, les politiques républicaines ont cédé le pas aux politiques tribales. D’un certain point de vue, c’était une émancipation de la pesante aide française, d’un autre, c’était un formidable retour en arrière.

En 2010, le président français, Nicolas Sarkozy, probablement sur les conseils de Washington, a pris l’initiative de trancher le conflit ivoirien. Alors que le pays était traversé par un conflit tribal, une opération conduite d’abord par la CEDEAO, puis par le Premier ministre kenyan cousin de Barack Obama [2], Raila Odinga (ci-dessus), tente de négocier le départ du président ivoirien Laurent Gbagbo. Leur problème n’est pas le régime autoritaire de Gbagbo, mais le fait que, d’un agent soumis de la CIA, il se soit transformé en un défenseur de sa nation. Paris intervient militairement à l’issue de l’élection présidentielle pour arrêter Gbagbo —prétendument pour faire cesser un génocide— et lui substituer Alassane Ouattara, un ami de longue date de la classe dirigeante française. Par la suite, Laurent Gbagbo sera jugé par la Cour pénale internationale qui, après un procès interminable, reconnaîtra qu’il n’a jamais commis de génocide et que, de facto, la France n’était pas fondée à intervenir militairement.

En 2011, le président Nicolas Sarkozy, conseillé par Washington, engage la France en Libye. Cette fois encore, il s’agit officiellement de faire cesser un génocide commis par un dictateur contre son propre peuple. Pour rendre crédible cette accusation, la CIA, qui est à la manœuvre derrière la France, organise de faux témoignages devant le Conseil des Droits de l’homme à Genève. 

À New York, le Conseil de Sécurité des Nations unies autorise les grandes puissances à intervenir pour faire cesser le massacre qui n’existe pas. Le président russe, Dmitry Medvedev, ferme les yeux. Le président états-unien, Barack Obama, souhaitait que l’AfriCom débute enfin ses opérations en Afrique où il ne résidait pas, ses soldats se trouvant toujours stationnés en Allemagne. Mais au dernier moment, le commandant de l’AfriCom refusa de se battre contre Mouamar Kadhafi aux côtés des jihadistes qui avaient combattu ses camarades en Iraq (les militaires US n’ont toujours pas admis le double jeu de la CIA qui soutient les jihadistes contre la Russie, souvent au détriment des Occidentaux). 

Barack Obama fit donc appel à l’Otan, oubliant qu’il avait préalablement promis de ne pas la mobiliser contre un pays du Sud. Toujours est-il que Mouamar Kadhafi fut torturé et lynché, tandis que la Libye fut démembrée. Or, la Jamahariya arabe libyenne, qui n’était pas du tout une dictature, mais un régime inspiré des socialistes français du XIX° siècle et de la Commune de Paris, était la seule force africaine visant à unir les arabes et les noirs. 

Kadhafi souhaitait libérer le continent comme il avait libéré ses compatriotes du colonialisme occidental. Il s’apprêtait même à piloter avec le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, une monnaie commune à plusieurs États africains. Sa chute a réveillé ses ennemis. 

Des noirs ont à nouveau été massacrés par des arabes, même lorsqu’ils étaient de nationalité libyenne, et réduits en esclavage, sous les yeux insensibles des vainqueurs occidentaux. Les États africains pauvres soutenus économiquement par la Libye se sont effondrés, et d’abord le Mali [3]. Les jihadistes arabes, que l’Otan avait placé au pouvoir à Tripoli, ont soutenu certains Touaregs contre les noirs en général. Le problème s’est progressivement généralisé à toute l’Afrique sahélienne.

Pourtant, incapable de tirer les leçons de ces crimes, le président français, François Hollande, organisa un nouveau changement de régime au Mali. En mars 2012, alors que le mandat du président Amadou Toumani Touré arrivait à son terme et qu’il ne se représentait pas, un groupe d’officiers formés aux États-Unis le renversa, sans parvenir à expliquer son action. 

Il interrompit la campagne présidentielle en cours et nomma Dioncounda Traore, « président de transition ». Ce tour de passe-passe fut avalisé par la CEDEAO… désormais présidée par Alassane Ouattara. Sans surprise, le président de transition Dioncounda Traore appela la France au secours pour lutter contre les jihadistes qui l’attaquent. L’idée de Paris était de stationner des troupes au Mali pour pouvoir attaquer à revers l’Algérie, sa véritable cible. C’est « l’opération Serval ». Conscients qu’ils étaient les prochains sur la liste, les généraux algériens réprimèrent durement une prise d’otage par des jihadistes au site pétrolier d’In Amenas. Ce faisant, ils découragèrent la France d’intervenir contre leur peuple.

Qu’à cela ne tienne ! La France réorganise son dispositif, c’est « l’opération Barkhane ». L’armée française est mise à disposition de son suzerain états-unien.

 Tout est organisé par l’AfriCom, toujours stationné en Allemagne. Les troupes françaises, désormais épaulées par des membres de l’Union européenne (Danemark, Espagne, Estonie, Royaume-Uni, Suède et Tchéquie), détruisent les cibles que leur indique l’AfriCom. Dans cette région, anciennement française, les militaires français ont un bon contact avec la population alors que les États-uniens se heurtent à la barrière de la langue.

À ce stade, la première remarque est que l’opération Barkhane, indépendamment de ses résultats, n’est pas légitime. Certes, il s’agit officiellement pour les Occidentaux de contenir les jihadistes, mais n’importe quel sahélien comprend que ce sont ces mêmes Occidentaux qui ont créé les jihadistes de la région en détruisant la Libye. Et ce n’est pas tout.

La planification de la guerre du Sahel, le 11 mai 2022, au Maroc a suscité la vague de coups d’Etat actuelle en Afrique francophone. Seul le Maroc n’est pas mis directement en danger, puisqu’il est appelé à héberger les troupes US.

Revenons en arrière. Souvenons-nous que tout cela a commencé avec la volonté du Pentagone de détruire les structures politiques africaines avec l’AfriCom comme il avait commencé à détruire celles du « Moyen-Orient élargi » avec le CentCom.

Le 11 mai 2022, la sous-secrétaire d’État US aux Affaires politiques, la straussienne Victoria Nuland, a réuni au Maroc les 85 États participants à la coalition contre Daesh. Elle leur a annoncé la suite du programme : les jihadistes reforment Daesh au Sahel. Ils disposent d’armes, officiellement destinées à l’Ukraine. Bientôt toute la région ne sera qu’un immense brasier [4]

En novembre, le président nigérian Muhammadu Buhari, confirme l’afflux massif, aux mains des jihadistes au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, d’armes US destinées initialement à l’Ukraine.

C’est face à ce risque existentiel que des militaires du Mali, du Burkina-Faso et du Niger ont pris le pouvoir pour défendre leurs peuples.

Il faut bien comprendre que depuis des années, les dirigeants africains se plaignent du soutien de la France aux jihadistes qu’elle est censée combattre. Il ne s’agit pas de mettre en cause les militaires français, mais le rôle de ses services secrets travaillant pour les États-Unis.

Dès le début de l’opération Serval, les jihadistes syriens s’étaient plaints d’avoir été lâchés par la France au profit de leurs homologues sahéliens. Et le président François Hollande dut retenir ses troupes, le temps que les instructeurs qataris des jihadistes maliens se retirent. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’en était entretenu auprès de son homologue français, Laurent Fabius, qui lui répondit en riant : « C’est notre realpolitik ! ».

Un sanctuaire de camps militaires d’Al-Qaïda a été formé entre les villes de Ghat (près de la frontière algérienne) et de Sabbah (proche du Niger) dans le désert du Fezzan, au Sud de la Libye. Selon le très sérieux Canard enchaîné, ces académies du jihadisme ont été organisées par les services secrets britanniques et français.

L’entretien de Choguel Kokalla Maïga avec RIA-Novosti

Il y a trois ans, le 8 octobre 2021, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, donnait une interview à RIA Novosti [5] qui a été largement reprise et commentée dans toute la région, mais pas en France où personne ne la connaît, sauf nos lecteurs.

Selon Yaou Sangaré Bakar, ministre nigérien des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur, qui l’a écrit au Conseil de sécurité (Ref. S/2023/636), le mois dernier, des agents français ont libéré des terroristes qui étaient prisonniers. Ils ont été regroupés dans une vallée du village de Fitili (28 km nord-ouest de Yatakala) où une réunion de planification s’est tenue dans l’objectif d’attaquer des positions militaires dans la zone des trois frontières. Des chefs terroristes, au nombre de seize, ont été appréhendés dans trois opérations dont deux en territoire nigérien et une en territoire malien.

Au passage, la lettre de Yaou Sangaré Bakar soulève des questions importantes sur le rôle de la CEDEAO [6] ; des questions qui ne sont pas nouvelles et se posent depuis le changement de régime ivoirien. Cette institution internationale vient de prendre des sanctions contre le Niger et a mobilisé des troupes pour rétablir l’ordre constitutionnel. Mais les statuts de la CEDEAO ne l’autorisent pas à prendre ces sanctions, pas plus que la charte de l’Onu ne l’autorise à agir militairement contre un de ses membres.

Les cas de la Guinée et du Gabon sont un peu différents. Ce ne sont pas des États du lac Tchad, ni du Sahel. Il ne sont pas encore menacés. Leurs militaires se sont d’abord rebellés contre des régimes autoritaires, celui d’Alpha Condé en Guinée et d’Ali Bongo au Gabon. Tous deux refusaient de quitter le pouvoir contre l’avis de leur population. Mais les putschistes des deux pays ont rapidement mis en cause la présence militaire française. Tout simplement parce qu’ils peuvent prévoir, sans risque de se tromper, que l’armée française ne défendra ni les intérêts des Gabonais, ni même ceux des Français, mais uniquement ceux de Washington.

Une guerre se prépare des années à l’avance. Aujourd’hui les États-Unis transfèrent les armes à l’ombre du conflit en Ukraine. Demain, il sera trop tard.

Dans ce contexte, il est pour le moins surprenant d’entendre le président français, Emmanuel Macron, prêcher la défense de l’ordre constitutionnel. D’une part parce que tous ces États sont en danger immédiat et d’autre part parce qu’en plaçant l’armée française au service des ambitions des dirigeants US, il a lui-même trahi sa propre Constitution.

[1« La doctrine Rumsfeld/Cebrowski », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 25 mai 2021.

[2« L’expérience politique africaine de Barack Obama », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 9 mars 2013.

[4« Une nouvelle guerre se prépare pour l’après défaite face à la Russie », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 24 mai 2022.

[6Voltaire, actualité internationale - N°51 - 8 septembre 2023

Source : https://www.voltairenet.org/article219656.html

Les importations chinoises de pétrole iranien atteignent un record, en violation flagrante des sanctions américaines

Il y a moins d’un mois, nous rapportions que, selon les estimations de Kpler, la Chine devrait importer jusqu’à 1,5 million de barils par jour (b/j) de pétrole brut d’Iran en août, soit le chiffre le plus élevé depuis au moins 2013.

Jeudi, les dernières données commerciales chinoises ont confirmé cela, lorsque les données douanières ont révélé que la Chine avait récupéré les expéditions iraniennes et que les transformateurs publics avaient augmenté leurs cadences de fonctionnement après une période de travaux de maintenance, en violation flagrante des sanctions américaines, aussi douces soient-elles. , sur les achats de pétrole iranien.

La nation chinoise a importé 52,8 millions de tonnes de pétrole brut le mois dernier, soit l'équivalent de 12,5 millions de barils par jour, soit 21 % de plus qu'en juillet, selon les calculs de Bloomberg. Le volume mensuel était proche d’un record établi en juin 2020.

Les achats chinois ont été motivés par une frénésie d'approvisionnement en brut iranien, a déclaré Viktor Katona, analyste principal du brut chez Kpler avant la publication des données, car les offres du producteur du golfe Persique étaient « de loin l'option la plus compétitive en termes de prix ». En outre, les importations ont également été stimulées par l'activité de reconstitution des stocks des raffineurs chinois, a-t-il ajouté.

Les importateurs étaient désireux d'acheter des barils à prix réduit en provenance de Russie et d'Iran afin de maximiser les marges bénéficiaires des ventes de carburant nationales et étrangères. Les raffineurs d'État fonctionnaient à des rythmes records en août, selon OilChemUn quota d'exportation exceptionnel publié la semaine dernière signifie que les usines maintiendront leurs volumes et leurs entrées à un niveau élevé pour soutenir la croissance.

Pendant ce temps, comme indiqué précédemment , les exportations chinoises de produits pétroliers ont augmenté de 11% à 5,89 millions de tonnes en août, le plus haut depuis février, alors que la Chine a augmenté de manière agressive sa production de raffinage, s'emparant ainsi des parts de marché des transformateurs occidentaux écrasés par ces idiots de "verts" et de "Woke" avec des politiques et des réglementations, qui cherchent à écraser les industries américaines de combustibles fossiles et à remettre ainsi le marché à la Chine sur un plateau d'argent.

Source : https://www.zerohedge.com/commodities/chinese-imports-iran-oil-soar-near-record-clear-breach-us-sanctions

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