FIFI LES BONS TUYAUX

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FIFI LES BONS TUYAUX : Mon p'ti prono du vendredi 15 novembre à Vincennes ( 7-5-1-12-3-11-14-4)

"MAYOTTE" CE TERRITOIRE PERDU DE LA RÉPUBLIQUE

Millau : Une femme âgée de 97 ans a été victime d’une violente agression à son domicile, dans le centre-ville de Millau (Aveyron) dimanche dernier. L’habitante a été violentée et étranglée, avant d’être poussée par terre indique une source proche de l’enquête, confirmant une information de Midi Libre. Les agresseurs lui ont arraché le collier qu’elle avait autour du cou ainsi que son bracelet. Ils ont également dérobé son chéquier et des documents avant de prendre la fuite. Conduite à l’hôpital par les sapeurs-pompiers, la victime particulièrement choquée s’est vu attribuer 8 jours d’Incapacité totale de travail (ITT). De leur côté, les policiers de la sûreté urbaine du commissariat de Millau ont débuté leur enquête et ont notamment exploité les vidéosurveillances de la commune, pour tenter d’identifier les auteurs de cet acte. Des objets volés découverts : Deux suspects originaires de Mayotte âgés d’une trentaine d’années ont été interpellés dès le lendemain avant d’être placés en garde à vue. Ils auraient été hébergés par l’un des voisins de la nonagénaire, mais ce dernier a été mis hors de cause. Les biens dérobés à la victime ont été retrouvés par les enquêteurs au cours des perquisitions. Face aux nombreux éléments, les deux mis en cause ont fini par passé aux aveux. Les policiers ont également découvert des objets qui avaient été volés lors de récents vols à la roulotte (des vols commis dans un véhicule, ndlr), à Millau. Déférés, les deux prévenus ont été jugés ce mercredi dans le cadre d’une comparution immédiate au tribunal judiciaire de Rodez. L’un a écopé d’une peine de trois ans de prison dont deux ans ferme, son complice a été condamné à deux ans de prison dont un an ferme. Un mandat de dépôt a été délivré, les deux hommes ont été écroués à la fin de l’audience.

Source : https://actu17.fr/millau-une-femme-de-97-ans-etranglee-et-depouillee-a-son-domicile-deux-hommes-ecroues/

Fait divers (diront certains...), qui nous permet en tout cas d'ouvrir une page sur la face méconnue de l'immigration mahoraise, ou il est très difficile d'obtenir les chiffres exactes (et pour cause...), la plus sérieuse étude que j'ai pu trouver remontant à 2015. Il vous sera cependant ainsi plus facile d'extrapoler les chiffres pour 2021.

Comme les quatre autres Dom, Mayotte connaît une émigration forte, en hausse constante, surtout de ses jeunes adultes. La Réunion reste la première région de destination mais la métropole est de plus en plus prisée. Celle-ci attire des Mahorais plutôt étudiants ou diplômés, plus souvent en emploi et sans enfant tandis que La Réunion accueille davantage de femmes, souvent non diplômées, vivant seules avec des enfants.

Mayotte, le cinquième département d’outre-mer (Dom) depuis 2011, partage au moins une caractéristique démographique avec les quatre autres Dom : celle d’une forte émigration de natifs, notamment des jeunes adultes, vers la métropole ou un autre Dom, en l’occurrence La Réunion. Si de nombreuses recherches ont été menées depuis plus de vingt ans sur les natifs des Dom « historiques » vivant en métropole, très peu sont consacrées aux natifs de Mayotte vivant en métropole ou à La Réunion – 

À combien peut-on estimer la proportion de ces Mahorais [1] émigrés ? 

Au-delà de l’éloignement géographique avec la métropole et son statut institutionnel propre, les spécificités culturelles de Mayotte, en particulier linguistiques et religieuses, constituent, ou ont longtemps constitué, un frein important à l’émigration de la population des natifs de l’île. 

Les émigrations sont cependant en augmentation constante depuis une vingtaine d’années ; à tel point que, malgré une immigration importante, notamment en provenance des trois autres îles comoriennes, le solde migratoire de Mayotte est négatif, et ce depuis plus de dix ans (Bacheré et Frouté, 2003). Les émigrations concernent pour partie une population estudiantine, implantée principalement en métropole, mais aussi des jeunes et des femmes ayant un faible niveau scolaire (Math, 2012). 

Le premier motif de migration demeure d’ordre économique, permettant aux migrants de fuir les difficultés survenues à Mayotte, avec la transformation de l’économie locale et la monétarisation croissante des échanges, et de bénéficier des revenus sociaux de la société d’accueil [3]

De plus en plus de Mahorais quittent leur île :

En 2010, on estimait à 22 735 le nombre de natifs de Mayotte vivant en France hors Mayotte, dont 6 600 environ à La Réunion [4], soit, tous âges confondus, un natif de Mayotte sur six, contre moins d’un sur vingt en 1990 [5]

Le nombre de natifs de Mayotte vivant à La Réunion a été multiplié par trois durant les deux dernières décennies (presque exclusivement entre 1990 et 2000) et par huit en métropole (graphique 1). 

Ces dix dernières années, les émigrations se sont davantage concentrées vers la métropole, le nombre de natifs de Mayotte vivant à La Réunion étant devenu quasiment stable. La proportion des natifs de Mayotte vivant à La Réunion parmi ceux vivant en France hors Mayotte a ainsi chuté de 43 % à 29 % entre 1999 et 2010.

Une forte émigration des jeunes adultes :

La proportion de natifs de Mayotte vivant en France mais en dehors de Mayotte est particulièrement élevée dans la classe d’âge des 18-25 ans, comme l’illustrent deux indicateurs que nous avons calculés. Un premier indicateur transversal estime que, en 2010, 40 % des 18-25 nés à Mayotte résiderait en France Métropolitaine.

L’autre indicateur est longitudinal et s’appuie sur les données des deux derniers recensements réalisés à Mayotte : un natif de Mayotte sur deux âgé de 15 à 19 ans qui vivait à Mayotte en 2007 ne vivrait plus dans l’île en 2012. Un certain nombre de ces départs sont toutefois suivis de retours [7].

La Réunion et le sud de la France, premières régions d’implantation des Mahorais :

Si les migrations se font de plus en plus en direction de la métropole, La Réunion reste en 2010 la première région d’implantation des Mahorais ayant quitté leur île (29 %). Les régions du sud ou du sud-est de l’Hexagone attirent également nombre d’entre eux (28 %), notamment les régions Paca (12 %, dont 86 % dans les Bouches-du-Rhône), Midi-Pyrénées (7 %) et Rhône-Alpes (7 %). Par ailleurs, plus d’un Mahorais sur six (17 %) s’installe dans les régions de l’ouest : Bretagne (6 %) et Pays de la Loire (5 %) notamment. Enfin, 5 % s’installent en Île-de-France. Au regard de la taille de ces régions d’accueil, c’est à La Réunion que la présence de la population mahoraise reste la plus manifeste.

Pour estimer la communauté mahoraise vivant en métropole ou à La Réunion en 2010, on ajoute aux 22 735 personnes natives de Mayotte résidant en France hors Mayotte celles nées hors de Mayotte vivant dans le même logement que ces derniers. Il s’agit principalement des enfants nés après la migration, des conjoints ou des concubins non mahorais. On obtient ainsi une population de 40 664 personnes composant la communauté mahoraise : soit un rapport de 1,8 personne pour 1 natif (rapport identique en métropole et à La Réunion).

Et les Comoriens ?

En ce qui concerne les natifs des Comores, il n’est pas possible de les isoler à partir des fichiers détail individuels mis à disposition sur le site de l’Insee. L’examen des nationalités renseigne partiellement sur cette question : en 2010, 19 647 personnes de nationalité comorienne résident en France métropolitaine ou dans les Dom, dont 70 % sont nées hors du territoire français (très probablement aux Comores), 27 % en métropole, 1 % à Mayotte et 1 % à La Réunion. Elles vivent majoritairement en région Paca (38 %) et en Île-de-France (34 %) ainsi qu’en Rhône-Alpes (8 %) et à La Réunion (5 %).

À La Réunion, une migration mahoraise plus jeune et plus féminine…

Que ce soit en métropole ou à La Réunion, les Mahorais sont majoritairement âgés de 15 à 34 ans, donc nettement plus jeunes que les natifs des Dom « historiques » installés en métropole ou dans un autre Dom, tout en étant plus âgés que la population des natifs restée à Mayotte (graphique 2). Cela reflète à la fois la jeunesse de la population de Mayotte, « département le plus jeune de France » (Balicchi et al., 2014), et l’âge au départ des migrants, qui ont majoritairement entre 15 et 20 ans, comme nous l’avons vu précédemment.

La population mahoraise installée à La Réunion est plus jeune (notamment les hommes) et plus féminisée (54 %) que celle installée en métropole. Le poids des mineurs y est particulièrement important ; ceux-ci peuvent avoir accompagné leur(s) parent(s) ou les avoir rejoints un peu plus tard. Le déséquilibre hommes/femmes est particulièrement marqué à La Réunion à partir de 25 ans : le rapport de masculinité y est inférieur à 0,5 entre 25 et 65 ans, c’est-à-dire qu’il y a deux fois plus de femmes que d’hommes.

… mais également moins diplômée et moins souvent en emploi :

La part des natifs de Mayotte âgés de 18 ans et plus sans diplôme est nettement plus forte à La Réunion qu’en métropole (deux tiers des femmes et plus d’un homme sur deux, contre une femme sur trois et un homme sur quatre). La part des diplômés du supérieur y est trois fois moins importante (12 % contre 37 %). Le taux d’emploi est toujours plus faible chez les femmes (en métropole, 20 % des natives de Mayotte âgées de 18 ans et plus occupent un emploi, contre 46 % des hommes). À La Réunion, rares sont celles qui sont actives occupées (5 %) ou au chômage (24 %). En métropole, les étudiants représentent un quart des natifs âgés de 18 ans et plus contre un tiers des hommes et une femme sur cinq à La Réunion. Dans la tranche d’âge des 18-24 ans, ils représentent en métropole un jeune homme sur deux et six jeunes femmes sur dix et, à La Réunion, deux tiers des jeunes hommes et six jeunes femmes sur dix.

Plus de foyers monoparentaux à La Réunion, plus de personnes seules en métropole :

En 2010, les natifs de Mayotte vivant en métropole ou à La Réunion appartiennent très souvent à un ménage monoparental. C’est même la situation majoritaire pour les Mahoraises vivant à La Réunion, quel que soit leur âge. Les moins de 20 ans, qui sont le plus souvent des enfants des familles, sont particulièrement concernés par cette situation. Pour les adultes, une situation de monoparentalité ne signifie pas forcément que la personne n’a pas de partenaire mais qu’au moment de l’enquête, elle ne vit pas avec ce dernier. Les natifs de Mayotte vivant en métropole appartiennent plus souvent à des ménages composés d’une personne seule ou d’un couple sans enfant, situations pratiquement inexistantes à La Réunion.

Une fécondité très forte des natives de Mayotte vivant à La Réunion :

Il est possible, à partir des seules données du recensement, d’estimer la fécondité au sein de sous-populations. Les résultats obtenus montrent la très forte fécondité des natives de Mayotte vivant à La Réunion : l’Indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) y est de 5,1 contre 3,4 pour les celles vivant en métropole (tableau 1). Cette valeur dépasse même la valeur de l’ICF des femmes vivant à Mayotte (natives et non natives). Notons cependant que l’estimation est obtenue à partir du nombre d’enfants cohabitant avec les femmes recensées ; or certains peuvent être des enfants qui leur sont confiés, ce qui peut éventuellement entraîner alors une légère surestimation des indicateurs de fécondité [8].

Tableau 1 : Indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) et âge moyen à la maternité en 2010 (estimation) :

Lecture : les femmes natives de Mayotte vivant à La Réunion auraient en moyenne 5,1 enfants dans les conditions de l’année 2010 et leur âge moyen à la maternité serait de 31,8 ans.

Sources : * Insee, recensements de la population (RP 2010, estimations par la méthode Def) ; ** Insee État civil et recensement de la population, 2004.

Peu de mobilité entre La Réunion et la métropole :

Les trajectoires de migration semblent se faire majoritairement de Mayotte directement vers la métropole ou vers La Réunion. Cependant une installation à La Réunion est plus souvent précédée d’un passage en métropole que l’inverse.

Durant la décennie qui a précédé la départementalisation de Mayotte en 2011, les flux d’émigration se sont intensifiés et concentrés vers la métropole, La Réunion restant toutefois la première région d’accueil des Mahorais.

Nos résultats mettent en lumière des profils contrastés entre les natifs de Mayotte vivant en métropole et ceux vivant à La Réunion, reflétant pour partie des stratégies migratoires différentes : la métropole attire des personnes plutôt diplômées ou souhaitant faire des études, plus souvent en emploi et sans enfant tandis que La Réunion accueille davantage de femmes, souvent non diplômées, vivant seules et ayant des enfants, très rarement des actifs occupés ou au chômage.

Nous pouvons faire l’hypothèse qu’à mesure que sera réalisé à Mayotte l’alignement des droits sociaux sur ceux de la métropole et de La Réunion, le flux migratoire vers La Réunion devrait fortement diminuer et les candidats à l’émigration se concentrer toujours davantage vers la métropole, dans une dynamique de promotion sociale forte. 

Mayotte était, en 2013, le Dom ayant délivré le plus de passeports pour la mobilité des études à des primo demandeurs (Ladom, 2013). Une fois diplômés, certains pourraient revenir à Mayotte et bénéficier des transferts financiers dédiés au développement de l’île, notamment dans la fonction publique et les services. Mais il est fort probable qu’une partie importante de ces natifs, une fois diplômés, choisissent de rester en métropole, pour des raisons économiques mais aussi culturelles. Les comportements occidentaux, familiaux notamment, sont plus faciles à vivre loin de Mayotte, petit territoire dans lequel les modèles traditionnels sont encore forts et continuent de structurer la vie sociale. 

Cette analyse s’appuie sur les données des recensements de la population. Elles sont menées au prix d’hypothèses, compte tenu notamment de dates et méthodologies de recensement différentes. L’harmonisation des méthodologies devrait à terme faciliter ce type de travaux. De plus, la prochaine enquête « Migration, familles, vieillissement – Mayotte » apportera sans nul doute de nombreux éléments de connaissance sur la société mahoraise et ses mutations, ainsi que sur les enjeux de ces mutations en termes de cohésion sociale.

Notes

[1]

« Mahorais » est dans cet article synonyme de « natif de Mayotte ».

[2]

Les recensements à Mayotte n’ont pas été réalisés simultanément à ceux de métropole et de La Réunion. Les derniers ont eu lieu en 1985, 1991, 1997, 2002, 2007 et 2012 contre 1982, 1990, 1999 puis chaque année en continu à partir de 2004 en métropole et à La Réunion.

[3]

En 2012, les habitants de Mayotte ne bénéficient pas des mêmes droits économiques et sociaux que ceux de métropole ou des autres Dom. En particulier, le régime de solidarité chômage et le RSA, qui n’y ont été instaurés qu’en 2012, sont moins favorables et les conditions d’accès plus restrictives (Math, 2012).

[4]

Cet effectif de natifs de Mayotte est très nettement inférieur à celui des « Mahorais » vivant à La Réunion parfois avancé par les associations mahoraises (entre 40 000 et 60 000), qui est invérifiable.

[5]

Pour obtenir ces proportions, nous avons calculé une estimation du nombre de natifs de Mayotte vivant à Mayotte les années de recensements métropolitains et réunionnais en utilisant un accroissement annuel moyen lui-même calculé à partir des effectifs de natifs de Mayotte vivant à Mayotte aux différents recensements mahorais. Nous remercions l’Insee de La Réunion pour avoir mis à notre disposition les effectifs par sexe et âge des natifs de Mayotte vivant à Mayotte aux recensements de 2007 et 2012.

[6]

Calcul réalisé en appliquant la même méthode que celle décrite dans la note 5.

[7]

En effet, le rapport entre l’effectif des générations âgées de 20 à 35 ans en 2007 et celui de ces mêmes générations cinq ans plus tard est légèrement supérieur à 1 (signe d’un solde migratoire positif).

[8]

La méthode Décompte des enfants au foyer (Def) permet de calculer des indicateurs de fécondité par âge à partir d’un seul recensement, en utilisant le nombre d’enfants des foyers comme indicateur des naissances des années passées. Elle entraîne classiquement une sous-estimation du niveau de fécondité (entre 5 % et 10 %) du fait notamment de la proportion d’enfants ne vivant pas avec leur mère, de la mortalité (des enfants et des femmes) et de la qualité de la déclaration des liens de famille. Il est probable que, dans le cas des natives mahoraises vivant à La Réunion, la méthode conduise à une surestimation, compte tenu du fait que certains enfants vivant avec les femmes ne sont pas leurs propres enfants mais des enfants confiés.

[9]

À partir de 2011, la question a été modifiée et ne porte plus sur le lieu de résidence cinq ans avant le recensement mais sur celui de l’année précédant celui-ci. Compte tenu de cette nouvelle méthodologie, la variable de la résidence antérieure ne sera de nouveau diffusée par l’Insee qu’à partir du recensement 2013. Pour l’étude de la résidence antérieure, nous utilisons les données disponibles les plus récentes, celles du recensement 2008 et non 2010.

Source : https://www.cairn.info/journal-informations-sociales-2014-6-page-59.htm

Mis en ligne sur Cairn.info le 15/06/2015

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